10 janvier 2007

Mon trop plein d'Italien

Pour la suite d’un temps des Fêtes pour le moins... difficile, je regardais devant en gardant en tête l’arrivée prochaine de mon ami Italien, Costa. C’est donc le 30 décembre que son avion atterri en terres montréalaises, tout heureux de me voir et tout débalancé par la neige qui couvrait le sol (ce ne fut ainsi que pour cette journée!!).

J’ai reconnecté les fils traducteurs français-italien de mon cerveau pour discuter de son voyage dans le taxi. Le petit Costa n’avait pas pris la peine d’apprendre même un tout petit peu de français et c’était la même chose pour l’anglais. Pas fort!

Bref.

Les heures passent. Nous allons nous déhancher au Resolution 2007 dans le Centre Bell pour le nouvel an. Il fut impressionné. Je fut malade. Une chance que j’étais tombée par pur (et heureux) hasard sur un ami qui nous a tenu compagnie, sinon, l’Italien aurait été tout seul sur la piste géante alors que moi je parlais à mon estomac pour le calmer du haut des estrades, toute seule... Ça commence bien l’année!!

Le lendemain... ou le surlendemain... je n’en sais trop rien, la notion du temps devenant une chose bien abstraite dans les circonstances, j’eus droit à une crise existentielle italienne. Je m’approche d’un homme (Montréalais) intéressant et il (l'Italien) m’accuse de lui avoir caché la vérité, de ne pas avoir été honnête. Il me prête des intentions qui ne sont pas miennes. De sa botte européenne (et hautaine!), il a interprété mes « tu m’as manqué » et « j’ai hâte de te voir » comme autant de signes d’affection profonde. Le pauvre petit Costa me croyait amoureuse. Désolée mon cher de te faire débander (c’est le cas de le dire) comme ça, mais... pas pantoute!
Comment on dit « pantoute » en italien??

Bref, il finit par comprendre, non sans menaces de retourner à l’aéroport pour rentrer en Italie immédiatement. Pauvre petit, il a un trop plein d’estime de lui, mais un trop peu de maturité!

On se donne un « buffer » de 24 heures et ça redevient habitable.

On visite Montréal.
On fait un petit tour à Québec.
On re-visite Montréal.
On sort danser à nouveau.
On passe du temps avec tout plein de mes amis.
Et ne voici pas que mon pauvre Costa s’imagine que les yeux doux de ma copine sont, eux aussi, remplis d’amour et de désir pour lui. Ouf! Il se laisse impressionner facilement celui-là!

Bref, nous sommes début janvier, il ne reste qu’un jour ou deux avant son départ et je n’en peux plus.

Littéralement.

Je me trouve bête et méchante, mais j’ai hâte à son départ.
J’ai hâte de ne plus avoir d’électron qui me tourne autour quand je cuisine.
J’ai hâte de dormir nue et ne rien mettre pour aller faire pipi à 2 heures du mat.
J'ai hâte de laver la vaisselle d'une seule personne.
J’ai hâte au pet matinal sous les draps au réveil.
J’ai hâte de parler juste français.
J’ai hâte de ne pas parler du tout.
J'ai hâte d'inviter un homme à faire la cuiller (entre autres) avec moi toute la nuit.
J’ai hâte qu’on ne fouille pas dans mes armoires sans me demander pour piger dans ma bouffe sans me demander non plus.
J’ai hâte de ne pas entendre ronfler la nuit.
J’ai hâte de pouvoir faire un pirouette dans mon salon si je veux parce que j’aurai l’espace, parce qu’il n’y aura plus de valise immense en plein milieu de tout.
J’ai hâte d’être la seule à m’asseoir sur mon bol de toilette.
J’ai hâte d’être seule. Point.

Je me rends compte que je suis sauvage.
Je sais pertinemment que ça fait bien rire mon beau grand brun qui, lui, me clamait sans cesse son besoin de solitude les dimanches soirs. Oui, je te comprends. Par contre, je tiens à préciser que je n’ai pas d’horaire précis à mon manque de solitude moi. Ça vient et ça repart. Mais là, c'est bel et bien implanté.

Bref.

Au moment où j’écris ces lignes, ça fait pile 24 heures qu’il est parti.

Toute une journée.

Je n’entends que mes doigts taper vitement les mots qui me passent derrière le front et aussi le tic-tic régulier de mon horloge murale. Je n’entends que ça.
Je n’entends pas d’italien. Ni d’Italien.
Je n’entends rien.

Je suis bien.

Je n’entends rien et je suis bien.
Mais je n’entends rien et j’ai le derrière des yeux mouillé.
Eh oui, je dois avouer que je m’ennuie un peu déjà.
Je m’ennuie de chercher un mot dans le dictionnaire parce que je ne me souviens pas.
Je m’ennuie de répéter trois fois le même verbe en riant parce que je ne suis pas certaine de comment le conjuguer à la deuxième personne du singulier au passé simple.
Je m'ennuie de dire un truc en français et de voir des yeux complètement vides, absent, qui n'ont absolument rien compris!
Je m'ennuie d'entendre mes amis m'admirer pour ma faciliter à parler cette lanque dont ils ne connaissent que « ciao »... qu'ils écrivent d'ailleurs probablement « chow »

C’est bizarre comme un truc qui nous agresse parce qu’envahissant puisse nous manquer et nous faire sourire toute seule à peine 24 heures plus tard.

Et puis, je me dois d’avouer bien humblement que... à l’aéroport... à son départ... je suis restée un peu beaucoup longtemps devant la porte B par où mon ami Costa a disparu avec plus que le derrière des yeux mouillés. C’était le dedans, le dehors et l’ensemble de mes cils qui étaient mouillés. (ici, ceux qui me connaissent bien, savent que j’avais naturellement des kleenex dans mon sac et que j’avais aussi mes lunettes fumées – que j’ai portées jusqu’à chez moi même dans le taxi, bien que l’heure du coucher du soleil était bien dépassée)

Voilà donc mes vacances à l’italienne sont terminées. La prochaine fois, je me promets de me rendre seule en Italie et de rendre visite à Costa, encore une fois... mais je me promets aussi de ne pas rester avec Costa pour l’ensemble de mes vacances!!

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