21 février 2007

Mon entraînement adrénalineux

Adrénalineux.
Cousin du mot adrénaline.
Ça n’existe pas comme mot, le dictionnaire de mon logiciel de traitement de texte me le confirme de par le zigzag rouge qu’il me fout sous le mot et sous les yeux.
C’est pas un mot donc, mais je m’en fous. Je dirais même plus, je m’en fiche. Je dirais même encore plus, je m’en contrebalance!!

Voilà.
Mauvaise journée aujourd’hui. Mercredi. Mercredi pas chouette.
J’arrive tôt au boulot en me disant (souriante) que je vais partir tôt également et que j’irai au gym pour, non seulement faire mon entraînement habituel, mais aussi participer à un de ces cours de danse/aérobie/hip hop/cardio/tae quelque chose/abdo-fesses/baladie/je ne sais trop quoi.
Belle résolution.
Aucune chance que ça n’arrive.
C’est le printemps qui s’en vient à grand pas. Ça sent. Ça sent le printemps, non pas à cause des merdes de chiens qui décongèlent, mais bien à cause de la surcharge de travail qui se pointe déjà à l’horizon. Surcharge donc qui me voit toujours assise à mon bureau, dictionnaire ouvert à gauche, clavier qui tapote devant et téléphone qui sonne à droite, à la noble heure de 19 h 00.
Il fait noir dehors maintenant.
On s’en fiche que les jours allongent, puisque aujourd’hui, il fera noir quand je sortirai du boulot.

Merde!

Et là je m’énerve, je fulmine et ça me fait un petit peu chier d’être encore ici, seule avec ma collègue/boss/amie de surcroît, qui, pauvre elle, partira sans doute bien plus tard que moi!
À cause du stress mental que je me fais subir à cause de la petite ridicule horloge du coin de mon écran d’ordinateur, j’ai un mal de tête qui se pointe à l’horizon.

Double-Merde!

Courir et sauter dans tous les sens avec un mal de tête, c’est pas l’idéal.
J’annule mon soir au gym?

Le souci, c’est que demain je pourrai pas y aller, j’ai des plans, et que vendredi non plus je pourrai pas y aller, j’ai d’autres plans.

Je quitte le bureau, mitigée, fatiguée, ne sachant trop si je dois déclarer forfait ou me rendre tout de même audit gym.
Arrivée au coin de Pie-IX et Pierre-De Coubertin, là où le bus express est normalement, je constate, bien évidemment, qu’il est bien passé l’heure des bus express! Il est maintenant presque 20 h 00. Je décide donc de marcher jusqu’au métro suivant pour y prendre le bus qui me portera juste au coin de mon gym. Je marche si vite de par ma frustration adrénalinée (ça commence) que j’y suis en 5 minutes!

J’embarque dans le bus. Je m’assois (je m’affaisse). Tranquille, j’écoute ma musique jusqu’à mon arrêt, bien des coins de rue plus loin. Une fois hors du bus, qu’est-ce que je ne vois pas au coin de la rue? Le bus Jarry. Celui qui me mènerait en 12 minutes au coin de chez moi.
C’est tentant.
Je résiste à la tentation. J’attends que la lumière passe au vert. Je le regarde s’éloigner. J’attends que le petit bonhomme blanc s’allume. Je traverse et je me rends au gym.
Victoire!
J’y suis!
En plus, à cette heure, bien plus tardive que les autres fois où je suis venue, il y a bien moins de monde.

C’est chouette.
Je souris.

Je me change et me rend presqu’en galopant (bon, là j’exagère un peu!) jusqu’aux tapis roulants. Et je programme le mien : 40 minutes, 12 kilomètres/heure, inclinaison de 4.5!
Nounoune...
Note to myself : trop c’est comme pas assez!
Avant longtemps je suis à bout de souffle, j’ai trop chaud et j’ai un point de côté. Je ralentis la cadence et j’enlève la difficulté de l’inclinaison. Je me calme et j’adopte mon rythme de croisière. J’ai mon beau chanteur de Our Lady Peace qui me chante « do you like i-ii-i-iiiit?? ». Non mon beau, j’aime pas ça tant que ça à cet instant, j’ai le genou gauche qui élance comme si j’avais une pelote d’épingle de coincée derrière la rotule, j’ai le pied droit handicapé que je sens pas souple du tout (vieille blessure de guerre – j’ai sautillé vers les bras d’un beau grand brun et j’ai twisté – littéralement – mon pied!) et puis, à cause de ce pied raide, j’adapte certainement et inconsciemment ma course puisque j’ai un muscle qui s’entortille comme des lierres autour de mon tibia… mais toi, toi mon beau chanteur à la voix magique, toi je t’aime et ta voix encore plus, ça fait que juste pour toi, juste parce que tu me chantes « I know you’re out there, somewhere out there » je continue.
Ma foi, j’ai bien fait d’amener mon iPod!!

Mes muscles finissent par se réchauffer et, bien vite, je reviens en force avec ma vitesse et mon inclinaison. C’est l’adrénaline de toute ma journée qui sort, c’est pas ma faute. C’est l’adrénaline des chansons, c’est pas ma faute. C’est l’adrénaline d’une déception idiote et mal placée qui fait surface, c’est pas ma faute. C’est l’adrénaline de penser que j’ai pas de vie ces temps-ci, que je fais rien de mes week-end, que je devrais donc être plus sociable, que j’appelle plus personne, pas ma famille, pas mes amis, que...
Merde, ma serviette est tombée!
Pas grave, je continue, je suis concentrée, je suis une machine.
J’ai soif, moi.
Bouteille d’eau en main, je m’abreuve, je me dis que je dois être jolie à voir. J’aurais peut-être du prendre un tapis devant une fenêtre pour m’observer sautiller pendant 40 minutes entre les tites-madames qui marchent à coup de 15 minutes.
Merde, j’ai échappé le bouchon de ma bouteille.
Pas grave, je continue, je suis concentrée, je suis une machine, je...
Quoi?
Qu’est-ce qui se passe?
Parlant de machine... la mienne m’annonce que mon temps est écoulé et que c’est l’heure de la récupération, elle me fait marcher pendant 5 minutes en me demandant de vérifier mon pouls.

Pas grave, je vais révolutionner les machines de musculations et je vais faire tous les exercices de ma petite feuille! En double!!
Ouf!
Euh...
Je révise ma résolution adrénalinesque dès que je pose le pied en bas du tapis. Je dois avoir l’air d’un débile profonde avec problèmes moteurs. J’ai peine à poser mes pieds normalement par terre. Je me penche pour ramasser ma serviette.
Double-Ouf!
Fuck le bouchon, il va virer au vert avant que j’aille le ramasser celui-là.
Bizarrement, mon beau chanteur me chante maintenant : « your secret’s safe with me-eee-ee ».
hihihi
Merci mon beau. Je suis pas trop fraîche-pète à l’heure qu’il est!

Mais croyez-le ou non, j’ai tout de même fait tous mes exercices de muscu... en commençant par les bras!

Pas besoin de vous dire que j'ai laissé tombé le cours d'aérobie!! ;D

Après le gym, en chemin vers chez moi, ma porte me semble loin, j’ai les jambes qui tirent de l’aine jusqu’au talon.
J’entre chez moi. Je me fais un shake de protéines que je bois en faisant ma vaisselle du matin (et du soir de la veille). Je regarde l’heure. Il est 22h34.
Je me sens... fatiguée. Le mot est faible.

Niveau d’adrénaline actuel : négatif 245.

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