13 mars 2007

Et moi je suis quoi?

Moi je suis quoi?

Face à tous ces gens qui m’entourent, je me demande…
Face à tous ceux qui m’abandonnent, d’une façon ou d’une autre, et donc sans eux, moi je suis quoi?
Face à tous ces amoureux.
Face à toutes ces filles et mères heureuses ensemble.
Face à tous ces gens souriants, insouciants.
Moi.
Moi je suis quoi?

Je suis une fille qui sourie aussi des fois.
On me dit que je suis belle. Des fois. Mais ce n’est pas assez.
On me dit que je suis drôle. Des fois. Mais ce n’est pas assez.
On me dit qu’on apprécie ma compagnie, qu’on me trouve intéressante et même divertissante parfois.
J’entends ces choses à l’occasion.
Mais ce n’est jamais assez pour les gens qui le disent. Je ne saurais même pas dire pourquoi ils le disent d’ailleurs.

Et puis, j’entends une voix qui rit au bout du fil quand je fais une blague.
Ça me fait du bien ça.
Ça me fait sourire. Première fois aujourd’hui que je souris. C’est trop peu une fois par jour. C’est trop tard 17 h 00 pour sourire.
Cette voix à qui je propose de faire un truc et qui me parle de week-ends lointains, elle me fait du bien. Une voix à qui je n’ose pas avouer que, bizarrement, sans savoir pourquoi, c’est elle que j’aurais envie d’entendre me dire « tu veux qu’on se voit ce soir? ». Sans avoir réfléchi, c’est cette voix que j’ai appelée. Mais cette voix, elle ne le savait pas.
Son propriétaire est très occupé et je n’ai pas osé lui demandé clairement à le voir avant dans un mois.
Et moi je suis quoi?
Pourquoi ne suis-je pas occupée, moi, tous les week-ends jusqu’à la fin du mois d’avril?
Pourquoi je ne peux pas sauter cette étape de tristesse?
Double tristesse, triple et peut-être plus, même.
Alors que le printemps est synonyme de renouveau, de renaissance, d’accouplement, de joie et de beau temps pour la plupart des êtres vivants normaux, moi… je m’enlise et je suis triste.

Je vous explique brièvement.
J’irai en ordre chronologique si vous me permettez.

Première tristesse :
Il y a des mois que j’ai coupé les ponts avec mon père et ma sœur. Seule famille qu’il me reste. C’était la fête de ma sœur le 8 mars et je l’ai appelée. Je l’ai vue, même. Ça m’a fait du bien. Mais j’ai peur d’être faible à nouveau et de ne pas arriver à faire ce contact à nouveau.
J’ai peur parce que je ne sais pas quoi faire maintenant et que j’ai peur de tout perdre encore.

Deuxième tristesse :
Plaie béante au cœur. Un homme en qui j’avais confiance m’a blessée.
Encore.
Il a fini par m’amadouer après une longue période de doute et d’apprivoisement. Peut-être me suis-je seulement convaincue à devenir amadouée et apprivoisée, j’en sais rien. Bref, cet homme, vieil enfant peureux et beaucoup trop vieux à la fois, a pris fuite.
Encore.
Je me sens blessée. Je me sens trahie. On m’a menti.
Encore.
Mais, malgré tout, je ne peux pas me résoudre à le détester.
Je pense que c’est plus ça qui me rend triste.
Que ce n’aie pas été moi qui lui aie fait mal cette fois. Que je ne sois même pas arrivée à le toucher assez pour le blesser, juste un peu, à mon tour.
Et je sais que le creux de la vague est encore à venir.
Toutes les activités planifiées à l’avance.
Tous les rendez-vous lointains inscrits au calendrier ou à l’agenda.
Comment les ignorer? Comment ne pas les laisser m’atteindre. Qui trouver en guise de remplacement qui saura accepter mon air vaguement et inexplicablement triste?

Troisième tristesse :
Dans 7 jours, ç’aurait été l’anniversaire de ma toute petite maman. La grande Jeanne d’Arc. La plus grande de toutes.
Le 20 mars.
54 ans, qu’elle aurait eu.
C’est si jeune 54 ans.
Elle me manque.
Souvent, le soir, j’aurais envie d’appeler quelqu’un, juste pour jaser, juste pour raconter ma journée et les millions d’idées qui se bousculent comme des bulles de champagne dans mon cerveau et c’est sur son nom et numéro (que j’ai jamais eu le courage d’effacer) que je m’arrête chaque fois alors que je passe les noms un par un dans le répertoire de mon cellulaire.
Son nom qui n’existe plus au fond.
Son numéro qui a été donné à quelqu’un d’autre qui ne me connaît pas.
54 ans, qu’elle aurait eu. J’ai la moitié de ça moi maintenant.
J’aimerais entendre ses conseils sages.
J’aimerais l’entendre m’appeler « ma poule » encore et toujours.
J’aimerais qu’elle me flatte la tempe pour arrêter mes pleurs.
J’aimerais me coucher près d’elle et la regarder dormir doucement, tant si tellement doucement, comme si la maladie et la douleur n’existaient pas, n’avaient jamais existées et que le sommeil et la tranquillité d’esprit prenaient toute la place. J’aimerais croire que mon amour seul aurait pu la sauver. J’aimerais croire que…
Elle me manque.
C’est tout.
Une seule personne vous manque et la terre semble dépeuplée. Je n’arrive pas à retrouver de qui est cette citation, mais elle me parait appropriée.

Quatrième tristesse :
Le 27 mars prochain c’est la date à laquelle je suis partie pour la France il y aura 2 ans déjà.
Un coup de tête. Tout s’est décidé en moins d’un mois, j’ai tout laissé derrière et je suis partie…
C’est le meilleur sentiment qu’un tout petit être humain misérable puisse vivre dans toute sa trop courte existence, croyez-moi!
Grand événement.
Grande tristesse.
Pourquoi suis-je à Montréal en ce moment, on peut me le dire?

Cinquième tristesse :
Bientôt, le 5 avril exactement, ce sera mon tour de fêter ma naissance.
J’angoisse atrocement à l’idée de cette date.
En 2005, j’étais seule à l’autre bout du monde pour ma fête. Tellement heureuse, tellement légère. Je buvais une bière Place des Terreaux en charmante compagnie.
En 2006, j’étais seule dans mon appart minable de Montréal pour ma fête. J’ai passé la soirée à réparer ma douche qui mouillait la pièce entière, mais pas mes cheveux le matin même. Tout ce que je buvais c’est mes larmes.
Cette année, je ne sais pas quoi faire, ni attendre. J’ai envie de préparer un truc, d’inviter plein de gens, toutes les personnes que je voudrais me voir sourire. Mais qui, au fait? Qui?
Je dois faire quoi?
M’entourer de plein de monde pour oublier qu’au fond je suis toute seule ou alors rester toute seule en pleurant dans mon salon pour essayer de l’accepter?

Sixième tristesse :
Plus j’y pense, chaque fois que j’y pense, je vois que le seul petit instant de bonheur véritable de ma vie fut quand je l’ai fui, cette vie. Quand j’étais à Lyon. Toute seule. Sans passé, sans futur.
C’est pas pour rien que tous les monde rêve d’être des espions, agents secrets et autres James Bond du genre… pour l’avoir vécu, je peux vous confirmer que c’est particulièrement chouette d’être personne du tout!
Aucun compte à rendre.
Aucune explication à donner sur nos actions.
Aucun remord sur les choix faits.
Chaque nouvelle ville à ses pieds, le monde à conquérir, personne à attendre, personne à aller rejoindre.
Le sentiment de sentir que Moi c’est le monde entier… wow! C’est inexplicable. Et pour quiconque ne l’ayant pas vécu, c’est totalement incompréhensible. Même s’ils hochent de la tête en souriant à l’écoute de mes récits, ils n’y connaissent rien.
Ça, ça me manque.
La belle Em peut me comprendre, elle. Elle avec qui j’ai partagé un appartement lyonnais pendant plusieurs mois. Elle avec qui je fumais le narguilé bien calée dans notre sofa très peu confortable. Elle à qui je racontais ma vie. Elle qui fut la première personne que j’ai été voir le matin où la mort arriva dans ma vie. La belle Em. Ma belle Em…

Dernière tristesse :
Ma faiblesse.
Ma tant, si tellement, grande faiblesse.
Face à tous les hommes de ma vie :
· Mon beau grand brun que je ne pourrai jamais, malgré tout, ne pas aimer.
· Mon beau Coco que j’aimerai plus que tout pour toute la vie.
· Mon beau Pirlouie, que j’aimerais bien pouvoir aimer un peu, sans arrière pensée.
Et tous les autres qui monopolisent tous les petits coins pointus de mon cœur :
· MON Jipi que je vois trop peu souvent mais qui me comprends tellement bien;
· Jo-de-Taxi avec ta musique, tes blagues et toutes les fois où tu me fais sourire;
· Flip pour ton support de début d’année qui mérite un oscar (vraiment) et pour ta chouette compagnie toujours pleine de compliments gentils;
· Bob en me poussant à me trouver et m’imposer des Compostelles pour ne pas devenir folle;
· Jean-Max que je vois trop peu souvent… peut-être ton déménagement à Québec et ton bébé à venir sera une raison pour se voir!;
· Eric-le-pétard, qui me lance tellement d’invitations démentes comme des rendez-vous en Guadeloupe devant lesquelles j’hésite toujours un peu avant de dire non;
· François, malgré ce que tu crois, je te trouve chouette;
· Danny, du haut de ton nord, tu me fais rire chaque fois qu'on se parle, nos soirées au karaoke me manquent;
· et tous les autres que je nomme pas, faut de temps (Gilligan, Air-Guitar Louka, Docteur Gadget, etc., etc., etc.)
Ma faiblesse encore plus grande face aux femmes qui m’entourent et que je suis incapable d’approcher vraiment pour plus de quelques minutes (exception faite de Lyne, habitude et travail oblige…).


Voilà.
C’est la fin de mes tristesses.
Et moi je suis quoi face à ça?
Moi, je fais quoi avec tout ça?
Je fais quoi face à tout ça?
Vous pouvez me dire?

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Marie... Je crois que la vie est remplie de tristesses, mais... tu sembles en avoir plusieurs de nom resolues dans ta vie en ce moment. et oui, je suis d'acord avec toi, le bonheur se retouve souvent a 1000 km de Montreal, et de tous les petits et grands moments du quotidien. Il y a toujours la solution pour toi de repartir a nouveau..... Ou de rester, et d'apaiser ces tristesses avec l'aide de tous ces bons amis que tu as nommes, ou d'une aide professionnelle exterieure, ou de l'ecriture... Mais quoi qu'il en soit, continue d'en parler... Je pense a toi! Clauxxx 418-947-1690

Elora Vlaardoen a dit...

Marie, l'Oscar que tu me décernes, c'est celui du meilleur comédien ou celui du meilleur réalisateur?

:-)