04 octobre 2006

Une histoire de déjà vu

Lundi soir. Un lundi soir comme les autres. Fin de la première journée de boulot de la semaine pour la plus grande partie de la populace. Fin de la difficile bataille que représente la survie pour d’autres.

Lundi soir dernier, la toute petite maman de ma grande amie s’est éteinte.

Tout comme la mienne (il y a si longtemps déjà), elle a perdu sa bataille contre le cancer. Sa bataille fut plus difficile et moins longue que celle de ma mère. Pourtant, il n’y a que si peu de différences entre ces deux femmes qui n’ont même jamais entendu parlé l’une de l’autre.

Ce soir, je me sens comme un raisin sec. Un raisin sec sans plus aucun jus, sans plus aucun croquant sous la dent, sans plus rien...

Mon raisin sec pleure tout de même ce qui lui reste de larmes pour ma belle, ma chère amie qui vit ce que je fuis depuis plus d’un an.

Je ne connaissais pas la grande dame qui était la mère de ma copine Man, mais je suis certaine que ce que je connais d’elle, à travers sa fille, représente tout ce qu’il y avait de plus beau dans son monde. L’électricité qui la traversait lorsqu’elle riait, c’est Man (je l’entend encore maintenant), le soleil qui brillait dans ses yeux, c’est Man (tu te souviens le soleil de Barcelone, ma belle?), l’océan de bonté qui l’habitait, c’est Man, aussi.

Ma belle Man, je n’ai pas connu ta mère. Tout comme toi, tu n’as pas connu la mienne. Mais, malgré tout, je serre mon oreiller, les yeux pleins d’eau à cet instant en pensant à elle, à sa douleur et à la tienne aussi.

Je voudrais me trouver près de toi pour te flatter les tempes et les cheveux comme seule ma mère savait le faire pour calmer mes pleurs et mes craintes depuis toujours. Je voudrais te flatter les tempes et les cheveux comme ta mère le faisait peut-être pour toi. Je voudrais te flatter les tempes et les cheveux pour partager ta peine, pour t’aider à porter ce fardeau horrible qui pèse si lourd sur nos épaules dans ces moments-là, et aussi pour te laisser voir comme je t’aime, juste là.

Je voudrais trouver les bons mots à te dire.

J’aurais voulu connaître tous les bons mots cet après-midi quand j’ai été te visiter, au lieu de te flatter maladroitement le genou en restant muette. Comme quoi l’expérience et le vécu ne servent parfois à rien du tout!

J’aurais voulu faire plus.
J’aurais voulu percer les nuages pour que le soleil brille encore juste au-dessus de nos têtes et dans tes yeux, juste pour un moment.
J’aurais voulu être Wonder Woman et effacer toutes les égratignures sur ton cœur.
J’aurais voulu t’apaiser et être le baume de tes douleurs.
J’aurais voulu pouvoir te faire sourire.

Mais j’ai pas eu besoin de faire tout ça.

J’ai eu besoin de rien faire du tout, que tu me souriais déjà. Tu souriais de toute ta sagesse, de toute ta grandeur et de toute ta beauté. Comme si un ange t’avais déjà rassuré avant que j’essaie de le faire de ma maladresse déguisée et de ma force faussement acquise.

J’ai eu besoin de rien faire du tout, puisque tu savais. Tu savais tout ce que j’essayais de faire sans y arriver. T’as vu mon vécu et mes intentions plus que je ne les voyais moi-même.

Et, si ce n’est déjà fait…
Sache que ce soir je rêverai de toi Man.
Sache aussi que ce soir, j’ai dit à ma toute petite maman à moi, avec un clin d’œil et un sourire en coin, de faire le tour du proprio avec ta mère et de lui réserver un p’tit trou dans les nuages à côté du sien pour qu’elles nous voient quand on sera ensemble toi et moi.

Sache que je t’aime gros comme ton cœur peut l’être à l’instant, Man.
Que je t’aime gros comme le mien l’est, également.
Et aussi que mon raisin sec a mouillé mon oreiller de toutes ses larmes tellement je t’aime.

Je te fais le plus gros câlin du monde ma belle...

3 commentaires:

Anonyme a dit...

Marie, Juste pour te dire que je pense a toi! Gros Câlins!
Ta chum d'ABB

Anonyme a dit...

MArie,
De la Basse-Cote-Nord je t'envoie un gros bec avec le vent qui souffle du large... Je pense a toi!!! Claudinexxx

Ps: Tu ecris tres tres bien... Continue comme cela!!!

Anonyme a dit...

Tu me fais brailler ma maudite!
Rien ne sait me toucher comme la douceur et la sincérité de tes mots.

Mes plus sincères condoléances à l'amie Man.

xxx