03 décembre 2006

Insomnie, quand tu me tiens...

Ouf!
On est enfin le matin.
On est enfin dimanche matin.

Je pense que je viens de terminer la nuit la plus longue de l’histoire de l’humanité.

J’ai clôturé le mois de novembre avec plus de 75 heures d’heures supplémentaires à reprendre. J’ai enfilé 4 jours de douze loooooooongues heures de travail. Travail de moine, cela dit, à faire la révision d’épreuves pour la prochaine édition du Guide qui sera publiée sous peu. Le dernier de ces 4 jours était hier, samedi. J’ai travaillé d’arrache-pied avec ma copine/patron, un peu au bureau, un peu chez elle. Je suis rentrée chez moi, brûlée, fatiguée et ne désirant rien de plus que de m’écraser la joue sur l'oreiller.

Demain, pas besoin de me lever.
Demain, pas besoin de travailler.
Vivement demain!

Je marche vers chez moi (à peine 2 coins de rue de chez elle), mes sacs pendouillants au bout des bras, piteuse, comme un prisonnier traînant son boulet.

Demain...
Ce que je serai bien demain!
On ne sera plus aujourd'hui, demain.

J’arrive chez moi vers 1h du matin et, en moins de temps qu’il n’en faut pour dire « go! », je me suis débarrassée de mes verres de contact, de mon maquillage et de mes vêtements et je suis déjà sous les couvertures, à rêvasser (c’est le cas de le dire) à tous les beaux rêves qui envahiront mon esprit au cours des prochaines heures.

Mais non.
Rien.
Rien de rien du tout ne vient.

Je suis fatiguée. Claquée. Brûlée.
Physiquement, j’ai l’impression d’être un avion ayant crashé. Mais ma tête est tout éveillée et mes yeux sont grand ouverts.
Qu’est-ce qui se passe?

1h35.
Je regarde mon plafond blanc. J’ai un million de pensées qui se bousculent derrière le front. Mon cœur bat la chamade. J’ai froid.

2h04.
J’entends des voisins de l’étage du dessous qui se chamaillent. Il y en a des pires que moi me dis-je. Ça me soulage à peine. L’homme cri comme un demeuré. J’entends des « tabarnak » et des « câlisse » bien distincts, sortant d’une gorge dilatée de colère. Ouf.
Je me dis que je suis bien dans mon lit.
Mais pas tant que ça apparemment. Je n’arrive pas à trouver LA position qui fera venir Morphée.

2h20.
Je me mets à compter les moutons. Quand je vois arriver le 140e, je lui dis bê-ê-êtement de rentrer chez lui... c'est drôle, je garde un peu d'humour, même insomniaque et crevée!
J’abandonne l'idée des moutons, ça ne mène à rien.

2h45.
Je tourne et me retourne dans mon lit. J’essaie sur le dos. Les jambes croisées, les jambes allongées, les jambes écartées. Les bras en croix, les mains sous mes fesses ou alors croisées sur la poitrine, comme une morte. Rien n’y fait.

3h00.
Ça fait deux heures que je suis couchée et je suis loin de m’endormir. Je ne ressens en fait aucune fatigue.
J’ai pour seules compagnes les quintes de toux de mon voisin de pallier.
Pauvre homme. Lui non plus ne dort pas s’il tousse.
Je me sens tout à coup très proche de lui, même si je ne l'ai jamais croisé. Je compatis.
Comme je le fais pour calculer l’approche des orages électriques, je compte les secondes séparant chaque toux.
20 secondes; 1 minute 4 secondes; 3 secondes.
Là aussi j’abandonne. Aucune statistique sûre ne peut sortir de ce calcul de toute façon.

3h33.
Je fais un vœu.
Celui de m’endormir.
Je peux vous le dire, ça ne fait rien, puisqu’il n’a pas fonctionné de toute façon!

3h50.
J’ai le cerveau qui bouillonne.
Je pense à ma journée passée, qui a d'ailleurs très mal débuté.
Je me suis faite jetée par un homme que je croyais être un bon ami et en qui j’avais totale confiance. Après m’être habituée à sa carapace d’acier, non sans quelques ecchymoses, celle-ci s’était transformée pour se couvrir de pics et de lames acérées et je l’ai reçue en pleine gueule. Un courriel un peu hargneux m’a annoncé que c’est était assez, qu’il n’était, selon ses dires, pu C-A-P-A-B-L-E de m’endurer. En guise conclusion, outre les activités « ludiques » parfois partagées, j’étais devenue pour lui tout à fait insupportable et il n’en pouvait plus de me côtoyer.
Ouf.
Coup dur à encaisser en plein rush de travail, en période de fatigue intense.
À chacun sa délicatesse et son courage.

4h11.
Je secoue la tête. Je dois arrêter de penser à lui et à ses paroles. Ça ne mène à rien de toute façon. Je me convaincs en me disant que, lui, il dort certainement sur ses deux oreilles à l’heure qu’il est que je suis la dernière chose dans son esprit.

4h17.
Je me positionne sur le ventre, les bras sous mon corps, les jambes allongées. Je remonte une jambe sur le côté. J’essaie l’autre. Je me tourne sur mon flanc et adopte la position fœtale.
Vous pouvez bien rire, mais j’ai même essayé de sucer mon pouce... Mon ongle me blessant le palais, j’ai vite abandonné ça aussi.

4h59.
J’y comprends rien.
Je n’ai jamais fait d’insomnie de toute ma vie et je n’avais pas prévu ça à mon agenda avant d’avoir soufflé mes 70 chandelles!
En plus, mon voisin ne tousse plus, il doit dormir, le chanceux.
Ça me fâche de ne pas pouvoir contrôler mon corps.
D’ailleurs, ce dernier semble en arracher.
Mon ventre fait des « blobblblblblbblbl » bizarres. Je fais pipi aux 15 minutes. Et mon foie me donne l’impression de s’être transformé en brique, tant par la sensation interne qu’au toucher.
J’ai le nez gelé, mais les aisselles trempées.
Je sens mon cœur battre vite. Trop vite. Ça me stress et l’effet psychologique d'entraînement est fulgurant. Palpitations, tempes qui tremblent, je vais même jusqu’à m’imaginer un mal étrange au bras gauche...
OK, dors Marie, c’est tout dans ta tête.

5h11.
C’est peut-être dans ma tête, mais j’ai maintenant envie de vomir et ce que je sens remonter, ce n’est pas du tout dans ma tête!
Mais non, mais non, je n’ai presque rien mangé, je ne peux pas être malade, ce n'est pas ça. Ou alors c’est tout à fait ça. Calmes-toi mon petit corps qui trime dur. Endors-toi un peu, juste un peu et demain matin, je te promets un copieux petit-déjeuner. Tout ira mieux demain...

5h20.
Tout ira mieux demain.
Ouais! Tu parles!
Le souci, c’est que je ne travaille pas demain. Je n’aurai donc pas de quoi m’occuper l’esprit comme hier et j’aurai tout le temps pour ruminer les mots blessants du beau grand brun.

Qui pourrais-je bien appeler pour me changer les idées?
Jipi? Oui! C’est certain que Jipi sera là pour moi. Mais Jipi, c’est une marmotte. Il ne sera pas dispo avant l’après-midi c’est certain. Avant ça, il sera trop occupé à cultiver les plis d’oreiller sur sa joue. Chanceux!

Pirlouie? Sa belle a bien plus besoin de lui ces temps-ci que moi. Je lui laisse.

Coco? Il a un bébé Coco, il sera levé tôt, c’est sûr. Par contre, Coco est toujours très occupé et il passe souvent ses week-ends à s’ajouter de nouvelles connaissances dans le crâne. Je vais certainement le déranger.

Ma copine/patron? Elle me serait toute dévouée, c’est certain. Mais ça fait quand même six jours d’affilé qu’on est encabanées ensemble toute la journée à travailler, discuter, rire, pleurer. Je l’aime bien, mais...

La belle Julie? Elle me l’a dit qu’elle ne serait pas là ce week-end. C’est peine perdue.

Voilà donc.
Je serai toute seule.
C’est pas grave.
Je vais survivre.

5h32.
Je me fais un horaire bien rempli pour demain. J’éplucherai les circulaires de pharmacies, je ferai ma tournée des spéciaux. Il me faut des mouchoirs et aussi du liquide à verre de contact. Peut-être une nouvelle brosse à dent?
J’irai m’acheter 4 bouteilles de Perrier à 99¢ chez IGA avant que le spécial ne finisse.
Je pourrais aller faire un tour à la bibliothèque pour me trouver un petit bouquin à dévorer les nuits sans sommeil. C'est ouvert le dimanche?

Je pourrais... l’appeler...

NON!
Mauvaise idée. Très mauvaise idée. Endors-toi espèce de grande échalote à la tête trop pleine!

5h55.
Je fais un autre vœu.
Le même.

...

7h10.
Hmmmm...
Je crois que j’ai dormi un peu entre mes deux consultations de cadran. C’est bien!
C’est pas assez, mais c’est bien.
J’y suis arrivée une fois, ça reviendra.

9h45.
Ce n’est pas revenu.
J’abandonne.
De toute façon, c’est le matin.
On est enfin le matin.
On est enfin dimanche matin. Tu parles!

Vivement lundi. Pitié, faites arriver lundi.

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Ma chère, il faut prendre un bon livre dans ces circonstances. J'ai vécu et sais à quel point c'est désagréable ! Ça ne sert à rien de s'acharner, le meilleur chemin vers les bras de Morphée, c'est un bon bouquin !

Bonne nuit !